Pour son premier solo show, Vergine Keaton présente dans Transformations silencieuses des œuvres originales et poursuit ici son travail autour du paysage à travers des dispositifs vidéo crées spécialement pour l’exposition. Ses œuvres explorent en animation ce que ses projets cinématographiques ne lui permettent pas de faire : accorder de l’importance au second plan, à la mise en avant d’éléments considérés comme de simples « décors », laisser les images se déployer longuement dans des mouvements parfois à peine visibles.
Les paysages, en s’ordonnançant, cherchent leur propre organisation. Celle-ci naît de micro mouvements qui s’ajoutent les uns aux autres, malgré leur hétérogénéité. Il s’agit de jouer sur les limites de la perception, de prendre le temps de regarder, d’amener à une forme d’acuité, de faire du détail un événement. Ces mouvements imperceptibles durant le temps d’une vie humaine, et même invisibles à l’échelle de l’histoire de l’humanité toute entière, pourraient être qualifiées de « transformations silencieuses », pour reprendre l’expression du philosophe François Jullien, à savoir, des « modifications qui ne cessent de se produire ouvertement devant nous, mais si continûment, si petitement, et de façon si globale, qu’on ne les perçoit pas, ou qu’on ne les perçoit plus »