Florent Morin
Le chant de la perle

Pour son exposition à la galerie Miyu, Florent Morin propose d’explorer Le chant de la perle, poème extrait des Actes de Thomas, un texte biblique apocryphe.
Le poème raconte l’histoire d’un prince qui est missionné par ses parents pour retrouver une perle protégée par un dragon dans un pays lointain. Au cours de son exil, le prince oublie sa quête et devient un mendiant errant sans but. Ce n’est que grâce à une lettre envoyée sous la forme d’un aigle qu’il sera capable de retrouver la mémoire, et d’accomplir sa quête.

La question de la conservation du souvenir hante l’artiste, il tente par sa pratique de restituer l’image fragile du passé en explorant la nébulosité mémorielle.

La pratique du montage d’images archives par jeu de contrastes, de ruptures, d’associations permet de faire apparaître un espace, un fond commun entre les images. Une narration secrète se dévoile alors, faite de non-dit, laissant apparaître la dimension lacunaire de notre connaissance du passé.

Car à la manière du Suaire, l’image est ce qui se cache en voilant l’origine, mais c’est aussi grâce à son dépôt que survit la mémoire. En faisant l’empreinte des images d’archives, le dessin devient alors un acte de remémoration, «il allume la mèche de ce qui gît dans ce qui a été» comme le disait Walter Benjamin.

Cette mise à distance par le dessin permet à Florent Morin de tisser des liens nouveaux, de regarder l’actualité pour faire écho aux vestiges de l’antiquité afin d’explorer les profondeurs du temps comme pour créer l’écho d’un souvenir familier. Le travail de dessin, en voilant l’image originelle, en faisant d’elle une empreinte permet d’accéder à la trace de l’archive, à ce qui survit à travers elle, elle donne vie à un murmure